De l’épuisement du rejet
Fils de cotons, textiles, bois, son
Dimensions variables
2023-24 (Projet en cours)




Le corpus est constitué de six éléments : (1) une grande pile de vêtements, (2) une tenture tissée suspendue au plafond et courant sur le sol, (3) des cocons suspendus, (4) une série de papiers, (5) des objets-reliques disposés au mur, et (6) un petit cube compact ; le tout accompagné par une ambiance sonore.

Ce projet est né d’une expérience personnelle marquée par un management abusif et un licenciement, qui m’ont poussée à explorer la notion de rejet.
Tous les éléments du corpus ont été confectionnés à partir des mêmes vêtements récupérés auprès de l’entrepôt Renaissance, appelés « rejets » : les vêtements dont plus personne ne veut, ni son premier propriétaire, ni les visiteurs des magasins ou du centre de liquidation.

Ces rejets représentent des quantités astronomiques de vêtements, passant en flux continu du magasin à l’entrepôt avant d’être expédiés à l’étranger sous forme de cubes géants. La pile de vêtements de couleurs de 3 pieds de haut représente ce volume démesuré. Elle est le point zéro de mon processus, la matière première de tous les éléments du corpus.

Ces vêtements ont fait l’objet d’un long processus de transformation : j’ai sélectionné les vêtements blancs en apparence pour laisser les vêtements colorés dans la pile. Les vêtements choisis ont ensuite été lavés, coupés et disséqués afin d’en extraire de larges pelotes à partir desquelles j’ai créé le deuxième élément : une tenture murale tissée de 20 x 3 pieds qui s’étend sur le sol pour permettre au public de la fouler. Cette tenture est d’une blancheur relative, la juxtaposition des différentes sortes de blanc faisant ressortir ses nuances et textures.

Les cocons constituent la troisième pièce de cet ensemble. Tissés et crochetés, ils ont été créés à partir des mêmes pelotes que la tenture. Ces derniers gardent une ouverture pour permettre à une main ou à une tête de s’y glisser, pour se déposer ou se réparer quelques instants.

Après la création des pelotes, il m’est resté des « retailles ». À partir des retailles organiques, j’ai réalisé de la pâte à papier dans laquelle j’ai incorporé les retailles de tissus synthétiques pour produire une série de feuilles de papier qui composent le quatrième élément du corpus.

La cinquième entité du corpus est une collection d’objets-reliques, des trésors découverts lors de la dissection des vêtements : un morceau de dentelle, un pompon, une manche… Dans la violence du processus de transformation, j’ai voulu les conserver précieusement et les exposer comme des vestiges précieux.
Enfin, les morceaux non retenus lors de ce processus ont été compressés dans un cube de pâte à papier, marquant la fin de ce cycle de transformation des rejets.

Pour accompagner cette installation, j’ai capté les sons issus de la transformation des matériaux : le bruit des vêtements que l’on déchire, des fils que l’on coupe, le clapotis de l’eau lors de la confection des papiers... J’y ai ajouté ma voix, lisant une cinquantaine de messages de rejet recueillis auprès de mes proches et du public.